Bienvenue dans le monde des mots, où l’orthographe danse entre tradition et modernité. Aujourd’hui, plongeons ensemble dans la réforme orthographique de 1990, proposée par le Conseil supérieur de la langue française il y a plus de 30 ans. Dans cette exploration, découvrons pourquoi cette réforme de l’orthographe a été demandée, quel est son impact et explorons ensemble les 7 destinations choisies par les réformateurs. Attachez votre ceinture, c’est parti!
(Temps de lecture : 7 minutes)
La réforme de l’orthographe a été proposée par le Conseil supérieur de la langue française, un organisme consultatif en matière de linguistique. Cette proposition a été approuvée par l’Académie française, institution chargée de veiller à la conservation et à l’enrichissement de la langue française.
Ce sont 2 400 mots français dont la graphie a été modifiée. Accents, consonnes doubles, nombres, trait d’union, les anomalies les plus flagrantes de la langue française ont été passées au crible (ou presque).
La particularité de cette réforme c’est qu’elle n’a pas été rendue obligatoire. Ainsi, la « nouvelle » orthographe coexiste depuis 1990 avec l’orthographe « traditionnelle ». Depuis cette date, une poignée d’éditeurs a commencé à appliquer les modifications. Un coup d’accélérateur a été mis en 2016 dans certains manuels scolaires. Mais en 2023, les « nouveaux mots » sont loin d’être utilisés à grande échelle.
La demande initiale était de simplifier certaines règles orthographiques pour rendre la langue plus accessible. La réforme de l’orthographe a été introduite pour faciliter l’apprentissage du français et rendre l’orthographe plus conforme à la phonétique, avec l’objectif de réduire la complexité pour les apprenants.
👎 Le problème avec le français ? Trop d’hésitations dans son utilisation et des incohérences difficiles à enseigner. Les règles et leurs fameuses exceptions…
👍 Le résultat de cette rectification ? Une langue modernisée, tout en respectant ses fondements.
Ce n’est pas la première fois que la langue française évolue. Des retouches successives ont eu lieu en 1740, 1835, 1878 et 1935. À chaque fois, elles ont été menées pour normaliser et simplifier les règles. Les langues changent au fil du temps et les rectifications orthographiques reflètent donc ces évolutions. Certains termes changent de sens, de prononciation ou deviennent obsolètes, ce qui justifie des ajustements. Et à chaque fois, les réformes ont suscité des débats passionnés et complexes, ainsi qu’une résistance marquée chez certains.
« Appauvrissement de la langue » , « nivellement vers le bas » , « perte de l’identité culturelle », voici ce qui est le plus souvent reproché à la réforme de l’orthographe de 1990.
Certains opposants considèrent l’orthographe traditionnelle comme un patrimoine culturel à préserver. Ils estiment que les règles orthographiques établies au fil des siècles font partie intégrante de l’identité linguistique de la France. Selon eux, les irrégularités orthographiques font partie de l’évolution des langues.
L’autre grande crainte des détracteurs de la réforme de l’orthographe est la détérioration du vocabulaire. Et si certains mots, moins souvent utilisés mais riches en nuances, venaient à disparaitre ? Et si l’uniformisation conduisait à limiter la diversité lexicale ?
Certains pensent que la simplification excessive peut entrainer des ambigüités et des confusions dans la communication écrite. Ils pensent que des règles trop simplifiées pourraient rendre difficile la compréhension précise du sens des mots et des expressions.
Enfin, les critiques affirment que les changements introduits par la rectification orthographique peuvent avoir des effets négatifs sur la lecture et la compréhension de la littérature classique. Ils craignent que la nouvelle orthographe puisse altérer l’intégrité des œuvres littéraires anciennes.
Ils ont 5 arguments phares :
En France, en Belgique, au Québec, et partout ailleurs dans les pays francophones, certains reconnaissent les bienfaits de la réforme de l’orthographe de 1990 tout en estimant qu’elle ne va pas assez loin ou qu’elle n’est pas suffisante pour répondre aux préoccupations linguistiques. Selon eux :
Ils estiment que tous les aspects de la langue française n’ont pas été abordés par cette réforme.
Ils pensent en particulier à ceux qui présentent des irrégularités orthographiques difficiles à justifier. Ils plaident donc pour une extension de la réforme à davantage de termes.
Les partisans d’une réforme de l’orthographe plus dynamique soulignent que la langue continue d’évoluer et qu’une approche constamment révisée pourrait mieux refléter les évolutions naturelles de la langue française. Ils suggèrent que la réforme de 1990 pourrait être le début d’une série d’ajustements périodiques, avec diverses parties prenantes, y compris les enseignants, les écrivains, et le grand public.
Certains estiment que la réforme aurait pu être l’occasion de repenser l’éducation linguistique de manière plus pragmatique. On aurait pu mettre davantage l’accent sur les compétences de communication réelle plutôt que sur la maitrise rigide de règles orthographiques complexes.
De nos jours, le français prévoit l’usage systématique du masculin générique. Sauf que pour un grand nombre de personnes, il est nécessaire de promouvoir la représentation égalitaire des genres dans la langue, ainsi que la reconnaissance et la visibilité des femmes dans tous les domaines de la société. De nombreuses propositions sont faites dans ce sens : féminisation des métiers, point médian, termes épicènes, accord de proximité, etc.
Vous l’avez compris, vous n’êtes pas obligés de faire table rase de tout ce que vous avez appris à l’école, les 2 orthographes sont acceptées. Mais pour les petits curieux qui voudraient en savoir plus sur la dernière réforme de l’orthographe, voici les éléments essentiels à retenir.
Les mots composés « préposition + nom » ou « verbe + nom », reliés par un trait d’union, ont été modifiés. La réforme prévoit un « s » sur le second élément lorsque le mot est au pluriel.
Exemples : des pèse-lettres, des porte-paroles, des après-midis
De plus, une soudure est prévue pour certains mots afin d’éliminer le trait d’union. C’est le cas notamment des mots contenant un préfixe, des onomatopées et des mots d’origine étrangère.
Exemples : entretemps, un extraterrestre, le weekend, un portemonnaie (histoire d’être cohérent avec un portefeuille)
Savez-vous comment on écrit 18, 208 ou 1988 en lettres ?
La règle avant la réforme de l’orthographe était de ne mettre un trait d’union qu’entre les dizaines et les unités (sauf quand elles étaient liées par « et »). Alors ça donnait : dix-huit, mais deux cent huit et mille neuf cent quatre-vingt-huit. Pas évident hein ?
Heureusement, cette règle a été simplifiée et uniformisée. Le trait d’union se place désormais entre chacun des termes d’un nombre composé.
Dix-huit, deux-cent-huit et mille-neuf-cent-quatre-vingt-huit. Facile à retenir, non ?
Ici, l’idée est de se rapprocher au maximum de la prononciation du mot. L’accent aigu laisse donc sa place à l’accent grave pour certains noms. De même pour certains verbes au futur et au conditionnel, et les inversions du type « puissè-je ».
Exemples : Événement devient évènement, réglementaire devient règlementaire, nous céderons devient nous cèderons.
Malgré toutes les craintes des addicts de l’accent circonflexe (#JeSuisCirconflexe sur les réseaux), l’accent n’est pas mort avec la réforme de l’orthographe. Il a juste été supprimé sur les mots qui n’en ont pas besoin. Il n’est plus obligatoire sur le « i » et sur le « u », sauf lorsque cela crée une confusion.
On s’en passera donc bien dans « la maitresse nous demande de calculer le cout d’une boite de buche ». Évidemment, on le garde pour « dû », « jeûne », « mûr » et « sûr » pour ne pas les confondre avec leurs homonymes.
Vous le mettez où le tréma dans « aigue » ou « ambigue » ? Sur le « u » ou sur le « e » ?
=> Selon l’orthographe traditionnelle, c’est « aiguë » et « ambiguë »
=> Selon la nouvelle orthographe, ça devient « aigüe » et « ambigüe »
Question de logique, car on cherche à montrer qu’il faut bien prononcer le « u » dans ces mots, donc on le met en exergue avec le tréma.
De plus, le tréma est ajouté sur certains mots (comme argüer et gageüre) pour des raisons phonétiques. Nous sommes censés prononcer ar-gu-é et gajure (pour ceux qui utilisent ces mots 👀).
La réforme de l’orthographe précise qu’ils se conjuguent comme « peler » ou « acheter » (avec un seul « l » ou un seul « t »). Il en est de même pour leurs dérivés en -ment.
Exemples : il renouvèle, il étiquète, le morcèlement, le nivèlement (pas par le bas 😉)
Évidemment, il faut garder quelques exceptions (toujours des exceptions 😞), alors on continue d’écrire : il appelle et il jette (avec 2 « t » et 2 « l »), et il en va de même pour leurs composés.
Pour l’accentuation et le pluriel, les mots empruntés à d’autres langues suivent désormais les règles des mots français.
Exemples : un imprésario => des imprésarios, un sandwich => des sandwichs
Vous trouvez ça normal d’écrire « chariot » alors qu’on écrit « charrette » ou encore « boursoufler » alors que « souffler » ?
Avec la réforme de l’orthographe de 1990, ces anomalies ont été corrigées, et on peut désormais écrire « charriot » et « boursouffler ».
On peut aussi écrire « assoir », « ognon », « relai » et « nénufar ». C’est plus simple et plus logique, non ?
Notez qu’ici on ne parle pas d’orthographe mais de grammaire. Il a été décidé que le participe passé de « se laisser » suivi d’un infinitif reste invariable (comme avec « se faire » + infinitif).
Exemple : Elle s’est laissé divertir.
En conclusion, la réforme de l’orthographe de 1990, bien que suscitant de nombreux débats, témoigne des efforts visant à moderniser la langue française. Elle incite à réfléchir sur l’équilibre délicat entre tradition linguistique, évolution nécessaire, et aspirations égalitaires. Pour aller plus loin dans cette direction, vous pouvez lire le livre inspirant d’Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, « La Faute de l’orthographe », ou encore consulter le tract des linguistes. Et pas d’inquiétude, si vous ne retenez pas toutes les modifications apportées par la réforme, on ne vous en voudra pas. Ce sera moins le cas si vous trébuchez sur l’une des fautes de français les plus courantes.
P.S. J’ai utilisé les recommandations de la réforme de l’orthographe de 1990 pour écrire cet article. Le trouvez-vous moins intéressant et moins compréhensible ? Je ne crois pas. Alors, prêts à adopter la nouvelle orthographe comme moi ?
Cookie | Durée | Description |
---|---|---|
cookielawinfo-checkbox-analytics | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Analytics". |
cookielawinfo-checkbox-functional | 11 months | The cookie is set by GDPR cookie consent to record the user consent for the cookies in the category "Functional". |
cookielawinfo-checkbox-necessary | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookies is used to store the user consent for the cookies in the category "Necessary". |
cookielawinfo-checkbox-others | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Other. |
cookielawinfo-checkbox-performance | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Performance". |
viewed_cookie_policy | 11 months | The cookie is set by the GDPR Cookie Consent plugin and is used to store whether or not user has consented to the use of cookies. It does not store any personal data. |